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ÉPIDÉMIE COVID-19 Colchicine et covid-19 : savoir éviter les surdoses mortelles
 Dans l'actualité  Fin janvier 2021, le bruit médiatique autour d'une éventuelle efficacité de la colchicine dans le traitement de la maladie covid-19 incite à rappeler que la colchicine est une substance dont le maniement est délicat, la dose thérapeutique étant très proche de la dose toxique. Une diarrhée est un des premiers signes de surdose.
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Fin janvier 2021, de nombreux médias évoquent l'efficacité de la colchicine en traitement de la maladie covid-19, sur la base de résultats préliminaires d'un essai clinique conduit au Canada. Cet essai randomisé en double aveugle selon le protocole disponible, a inclus environ 4 500 patients non hospitalisés, avec au moins un facteur de risque de covid-19 grave. Au 26 janvier 2021, on dispose seulement de résultats préliminaires de cet essai, apparemment intéressants, mais pas encore de résultats détaillés. Sans détails, entre autres, sur les patients comparés, les patients perdus de vue, la méthode de collecte des données, la solidité des résultats d'efficacité, les effets indésirables constatés, il est imprudent de commenter une éventuelle efficacité de cette substance. Toutefois, ce que l'on connaît de la colchicine incite à beaucoup de prudence car son maniement est délicat.

La colchicine est un cytotoxique antimitotique avec des propriétés anti-inflammatoires, qui est utilisée par exemple dans la goutte ou la péricardite aiguë. La marge thérapeutique de la colchicine est étroite : la dose thérapeutique et la dose toxique sont proches. La survenue d'une diarrhée est évocatrice d'une surdose. Elle apparaît avant d'autres effets dose-dépendants plus graves, voire mortels, comme les agranulocytoses, les anémies et les thrombopénies. Les autres signes de surdose de colchicine sont des : douleurs abdominales diffuses, nausées, vomissements ; hypotensions, voire chocs cardiogéniques ; toxicité rénale avec oligurie et hématurie ; pancytopénies ; coagulations intravasculaires disséminées, défaillances multiviscérales. Le risque de surdose est augmenté en cas d'insuffisance rénale ou d'âge supérieur à 75 ans.

La colchicine est tératogène chez l'Animal. Elle est à exclure chez les femmes enceintes ou qui pourraient l'être. Son métabolisme fait prévoir de nombreuses interactions médicamenteuses. La prise d'un médicament inhibiteur de l'isoenzyme CYP 3A4 du cytochrome P450, par exemple un antibiotique macrolide tel que l'azithromycine (Zithromax° ou autre), expose à une surdose de colchicine. De même, les médicaments qui exposent à une insuffisance rénale, tels que les diurétiques, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC), les sartans, etc., font courir un risque de surdose de colchicine par réduction de son élimination dans les urines.

Dans l'essai clinique conduit au Canada, la posologie testée a été de 0,5 mg deux fois par jour pendant 3 jours, puis 0,5 mg par jour les 27 jours suivants (soit une durée de traitement de 1 mois). En France, la seule spécialité à base de colchicine non associée disponible (Colchicine Opocalcium°) est sous forme de comprimés à 1 mg sécables. L'autre spécialité à base de colchicine disponible en France, Colchimax°, est à écarter car elle contient en plus de la poudre d'opium et du tiémonium, des substances qui masquent les diarrhées, c'est-à-dire le premier signe d'une surdose.

© Compétence 4 • 27 janvier 2021

Sources :

"Dans l'actualité. Colchicine et covid-19 : savoir éviter les surdoses mortelles" Application Prescrire (27 janvier 2021)

Pour en savoir plus :

 ÉPIDÉMIE COVID-19   Des informations pour y voir clair > ICI

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